Frantz Fanon "Moi, l'homme de couleur, je ne veux qu'une chose..."
Frantz Fanon s'exprimant à Accra, 1958, photographe inconnu. Courtoisie: London Review of Books
Le malheur de l'homme de couleur est d'avoir été esclavagisé.
Le malheur et l'inhumanité du Blanc sont d'avoir tué l'homme quelque part.
Sont, encore aujourd'hui, d'organiser rationnellement cette déshumanisation.
Mais moi, l'homme de couleur, dans la mesure où il me devient possible d'exister absolument,
je n'ai pas le droit de me cantonner dans un monde de réparations rétroactives.
Moi, l'homme de couleur, je ne veux qu'une chose:
Que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse à jamais l'asservissement de l'homme par l'homme. C'est-àdire de moi par un autre. Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'homme, où qu'il se trouve.
Le nègre n'est pas.
Pas plus que le Blanc.
Tous deux ont à s'écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s'engager dans la voix positive, il y a pour la liberté im effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours
congestionné, est noyé dans la contingence. Le malheur de l'homme est d'avoir été enfant.
C'est par un effort de reprise sur soi et de dépouillement, c'est par une tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d'existence idéales d'un monde humain.
Supériorité? Infériorité?
Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l'autre, de sentir l'autre, de me révéler l'autre ? Ma liberté ne m'est-elle donc pas donnée pour édifier le monde du Toi ?
A la fin de cet ouvrage, nous aimerions que l'on sente comme nous la dimension ouverte de toute conscience.
Frantz Fanon "Peau noire, masques blancs"
(1952), p. 118
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